“ Féministe : une personne qui croit en l’égalité sociale, politique et économique entre les sexes. ”
Chimamanda Ngozi Adichie
Le féminisme, et plus précisément LES féminismes, sont des mouvements de pensées et d'idéaux politique qui ont pour objectifs de lutter pour les droits des femmes afin d'atteindre une égalité de fait entre les hommes et les femmes. Le terme est d'abord utilisé à vocation péjorative, puis réhabilité par Hubertine Auclert, militante sufragette, dans les années 1880.
Nous allons parler ici principalement des féminismes d'Europe, bien que les mouvements féministes émèrgent de toute part du monde avec leurs spécificités sur lesquelles on reviendra dans d'autres articles.
Dans l'Histoire occidentale, on dénombre pléthore de femmes qui ont lutté contre l'odre établi par le système patriarcal. Dès l'Antiquité, des philosophesses grecques (activité pourtant presque exclusivement réservée aux hommes) comme Hipparchia se démarquent par ce que l'on pourrait appeler un protoféminisme. Au Moyen-Age, Christine de Pizan, écrivaine, travaille à la valorisation des femmes. Durant la Révolution Française, de nombreuses militantes se joignent à la lutte et réclament l'égalité des droits entre les hommes et les femmes : c'est le cas d'Olympe de Gouges, de Théroigne de Méricourt ou de Mary Wollstonecraft.
Mais c'est à partir du XIXe siècle que l'on commence véritablement à parler de "vagues" féministes.
XIXe SIECLE - 1960 : LA PREMIÈRE VAGUE
La première vague du féminisme, c'est celle qui voit émerger la lutte sans relâche pour le droit de vote et l'accès à la citoyenneté pour les femmes, mais également pour l'accès à l'éducation pleine et entière. Ainsi, Julie-Victoire Daubié sera la première femme à obtenir le baccalauréat en 1861. Grâce aux combats des suffragettes comme Emily Davison ou Sylvia Pankhurst en Angleterre puis à travers l'Europe, avec en France entres autres Paule Minck, Marguerite Durand, André Léo (pseudonyme de Léodile Champseix), le droit de vote s'acquiert petit à petit en Europe. En France, il faudra attendre 1944 pour que les femmes obtiennent ce droit, puis 1945 pour les femmes sénégalaises (encore sous colonie française) et 1958 pour les femmes musulmanes d’Algérie.
1960 - 1990 : LA DEUXIÈME VAGUE
Le droit de vote et l'accès à la citoyenneté "acquis", les féministes luttent à présent pour l'égalité sociale, c'est-à-dire pour le droit à avoir un salaire égal à celui des hommes (toujours pas acquis à l'heure où je vous parle!), le droit de disposer d'un compte en banque et de son argent sans l'aval de son mari, etc. Mais elles luttent également pour le droit à disposer de leur corps, grâce à la contraception et à l'avortement notamment. En France, les travaux politiques et de terrain de Simone Veil au gouvernement et de Gisèle Halimi, avocate, permettent la promulgation de la loi Veil qui dépénalise l'avortement en 1975.
Grâce à la création du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) dans les années 70, le féminisme prend une autre dimension et leurs luttes immenses permettent une avancée faramineuse des droits des femmes. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception. En 1970, le congé maternité est indemnisé à 90% par l’Assurance maternité et une congé parental est crée; la notion de « chef de famille » est supprimé. En 1972, le principe de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes est inscrit dans la loi. En 1975, la loi autorise le divorce par consentement mutuel. En 1985, les époux deviennent égaux dans la gestion des biens de la famille et des enfants.
1990 - 2010 : LA TROISIÈME VAGUE
La troisieme vague met en avant le concept d'intersectionnalité. Les nouvelles luttes à partir de ce moment-là tâchent de prendre en comptes toutes les oppressions, partant du postulat que la deuxième vague avait laissé un certain nombre de femmes de côté, notamment les femmes aux parcours, cultures, origines, genre, ou orientations sexuelles différentes. L'intersectionnalité permet donc ainsi de rendre visibles des femmes jusqu'alors invisibilisées et de faire converger les discriminations subies afin de mieux lutter contre. C'est la juriste afro-américaine Kimberlé Crenshaw qui fait naître le terme d'intersectionnalité en mettant en lumière que les femmes minorisées subissent d'autres discrimination que le sexisme. Judith Butler, bell hooks et Monique Wittig sont des figures importantes de cette troisième vague.
DEPUIS 2010 : VERS UNE QUATRIÈME VAGUE ?
Les vagues féministes se nomment toujours rétrospectivement, il est donc difficile d'affirmer si nous sommes encore dans la troisième vague, ou bien si une quatrième vague vient de commencer. C'est d'ailleurs un vrai sujet de débat entre féministes.
Lorsqu'on parle de quatrième vague, on parle généralement du mouvement #metoo qui a permis d'élever la voix de nombreuses femmes au sujets des harcèlement et agressions qu'elles subissent au quotidien. Ce qui est très important dans ce mouvement c'est l'apparition du "JE", c'est-à-dire la libération progressive de la parole. Les revendications se concentrent sur les féminicides et les violences sexistes et sexuelles. Les figures actuelles qui se battent au quotidien sur les réseaux sociaux sont notamment Rose Lamy, Lauren Bastide, Nesrine Slaoui, Noémie De Lattre, Kaoutar Harchi...
QUELQUES-UNS DES COURANTS FEMINISTES LES PLUS CONNUS
Le féminisme matérialiste :
Estime qu’il existe une domination spécifique des femmes par le pouvoir masculin, et qu’une lutte féministe autonome doit être menée.
Figure : Christine Delphy
Le féminisme radical :
Considère que le combat pour l’égalité suppose des revendications juridiques, mais par des mobilisations importantes.
Figure : Andrea Dworkin
Le féminisme universaliste :
Estime que la seule et unique cause est celle du droit des femmes. En ce sens il s'oppose au féminisme intersectionnel.
Figure : Elisabeth Badinter
Le féminisme intersectionnel :
Comme nous l'avons vu, prône la convergence de lutte de toutes les personnes opprimées et prends en compte toutes les discriminations.
Figure : Kimberlé Crenshaw
L'éco-féminisme :
Considère que la violence qui s’exerce sur les femmes et celle qui est opérée sur le vivant est une seule et même oppression due au patriarcat.
Figure : Vandana Shiva
Enfin de compte, il n'y a pas qu'un seul féminisme, ni qu'une seul manière de le pratiquer et de le revendiquer. Les moyens sont infinis et les luttes sont menée grâce aux idéaux et au coeur que nous y mettons. Alors ne laissons pas les autres dicter notre féminisme, notre militantisme, notre volonté. Car « Il n’y a aucune limite à ce que nous pouvons accomplir en tant que femmes. », Michelle Obama.